Mes chers amis, mes détracteurs aussi,
Je prends enfin la parole. Oui, moi, Raymond. Star malgré moi, muse trapue de l’ouest armoricain, objet d’un article dans Ouest France et d’une vidéo virale qui a dépassé les 300 000 vues. Forcément, avec la lumière vient l’ombre. Et avec la notoriété… les experts autoproclamés du bonheur canin, les vétérinaires diplômés de Twitter, les moralistes du museau court. Alors remettons quelques croquettes au clair.
Non, je ne suis pas malheureux.
J’ai été malheureux deux fois dans ma vie. Quand j’ai confondu un champignon avec une balle de tennis. Quand on m’a emmené chez le véto avec le mot « surprise » et un ton beaucoup trop enjoué. Spoiler : c’était une fouille rectale…
Sinon, je suis plutôt peinard. J’ai de l’eau a volonté, des croquettes bio ultra-premium, un magnifique tapis rafraichissant, des jouets plus qu’il n’en faut et des humains assignés au portage de ma dignité.
Je ronchonne ? Évidemment. Je suis un bulldog. C’est une mission génétique. Je râle par principe, même quand je suis heureux.
Exploité ? Vous plaisantez ? C’est moi qui dirige l’entreprise.
Je suis Raymond & Co. Président-fondateur, CEO de la glande, CFO du câlin inopiné, et seul boss au monde qui dirige son empire affalé sur un coussin à mémoire de flemme.
Quand j’ai faim, je déclenche le protocole « yeux de Droopy sous Xanax avec cataracte avancée ». Résultat : croquette bio premium livrée en main propre. Service 5 étoiles. Quand j’ai envie d’une promenade, je fais trois pas, je me laisse tomber comme une crêpe triste, et je regarde mon bipède, puis la porte, puis de nouveau mon bipède. Et là, magie. Il comprend. Il obéit. Il attache la laisse comme on signe un contrat avec un tyran mou.
Mes humains ? Ce sont mes collaborateurs dévoués. Je suis le seul mammifère terrestre à avoir un bipède attitré pour le séchage de plis inter-fessiers. Serviette microfibre, baume nourrissant, et une touche de parfum « Brume de Truffe » by Raymond. Ils m’appellent « leur petit roi » mais je suis surtout leur patron syndiqué.
« Mais il souffre d’un hypertype ! »
Oui, j’ai une tête cubique, un souffle d’aspirateur à l’agonie et la grâce d’un fer à repasser. Mais est-ce que je me plains ? Non. Je suis une respiration conceptuelle. Une œuvre sonore. Un poème vivant, avec des ronflements Dolby Surround.
Et pour ceux qui disent : « Mais c’est pas naturel ces croisements ! » Oui, peut-être. Je suis né d’une série de choix esthétiques douteux mais assumés. Et maintenant que je suis là, on fait quoi ? On me supprime en post-prod ? Désolé les puristes, je suis là. En chair, plis et truffe. Deal with it.
Un immense merci à mes humains.
Parce que vous savez quoi ? Personne ne voulait de moi. J’étais « le petit pas comme les autres ». Un souci à la patte. Un bug canin. Trop ceci, pas assez cela. Pas « Loffable ». Mais mes humains, eux, ils m’ont vu et m’ont aimé de suite, malgré le handicap.
Depuis, je vis la grande vie. Je dors dans des paniers plus moelleux que vos canapés scandinaves. Je libère des flatulences en open space. Je suis aimé comme un vieux fromage hors de prix : un peu puant, un peu mou, mais absolument irrésistible pour les vrais connaisseurs.
À vous, les coachs canins de canapé.
Oui, vous qui criez à l’exploitation, à la souffrance, à l’indignation téléguidée : Respirez un bon coup. Et rappelez-vous que le second degré n’est pas une maladie, mais une forme de politesse mentale. Le monde est suffisamment sombre comme ça. Laissez-nous quelques bulles de légèreté. Même si elles sentent un peu le jambon.
Je n’ai toutefois aucun doute : ce modeste billet – œuvre littéraire de haut vol, entre sarcasme et poil de truffe – va, lui aussi, attirer son petit lot de commentaires vinaigrés. Des poètes du clavier qui pensent que l’humour est une forme de cruauté. Des profils sans photo, mais avec beaucoup de jugements.
Qu’ils s’installent et commentent. Moi, pendant ce temps-là, je dormirai sur le flanc gauche, la babine pendante, le ventre au frais, avec la satisfaction d’un bulldog dont la vie est mieux gérée que leur charge mentale. Je suis vacciné contre la méchanceté gratuite, avec rappel tous les ans, croquette au fromage incluse ^^
Alors oui, les rageux reviendront. Comme les moustiques en été. Et moi, comme toujours… je lâcherai un petit pet philosophique, et je continuerai ma sieste.
À tous ceux qui m’aiment, me suivent, me soutiennent…
Je vous vois. Je vous entends. Je vous sniffe à travers l’écran. Merci pour vos messages, vos rires, vos partages et vos cœurs posés comme des friandises numériques.
Merci de comprendre que derrière chaque plissement de truffe, chaque ronflement de diva, il y a une envie simple : vivre heureux, aimer fort, et faire sourire les autres. Je vous envoie une grosse léchouille imaginaire (avec la bave, c’est pas une option), Et je vous dis : restez tendres, restez drôles, restez humains !!
A mes followers, à mes haters. A ceux qui m’aiment, à ceux qui doutent, je suis à votre disposition. Vous me croiserez surement à la fête de la musique, entre 18h et 18h15 dans un rayon de 100 mètres autour des Halles Centrales, démonstration de bonheur à l’appui. Avec option câlin, si vous êtes très sages.
Et bien entendu chez bipèdes, apportez les kiris.
Affectueusement,
Raymond de Rennes
Bulldog handicapé, surqualifié pour le bonheur.