#2 Éloge de la croquette

#2 Éloge de la croquette

Pas besoin de mantras, de retraite ayur-vétérinaire ou de stage de développement personnel.

Le bonheur, le vrai, tient dans une chose : la croquette. Compacte. Sincère. Authentique. Une boule, vaguement viandeuse, compressée. Une simple croquette, jetée négligemment dans une gamelle, et boum : plénitude totale. Parce que la croquette a une vertue.

Grace à elle, j’ai atteint un niveau de sagesse qu’aucun prof de yoga en legging fluo n’approchera jamais.

La simplicité gustative, c’est un art. Moi, j’ai un menu unique : boulettes compactes saveur “bœuf-nirvana-mystère”. Pas de chichi, pas de sushi. Juste de la boulette brute, la street food du canidé. Du terroir. Du bleu métal.

Chaque jour, c’est la même chorégraphie. Je m’approche de la cuisine avec cette noblesse propre aux êtres à pattes courtes, façon moine tibétain en charentaises. Je regarde ma gamelle vide. Je fixe mon humain. Je pousse un soupir théâtral tel un acteur d’une série B. Et là… miracle. Le doux gling gling du paquet de croquettes qu’on secoue. Un son plus émouvant que n’importe quel concerto qui réveille mes chakras gastriques. Le gospel du glouton. J’en pleurerais des babines.

L’amour, c’est une croquette bien servie. La croquette : ma boussole émotionnelle.

Je juge mon humain à la manière dont il remplit ma gamelle. Trop peu : il me trahit. Trop tard : il me trahit. Trop de légumes : j’appelle la SPA. Mais quand c’est bien dosé, ni trop ni pas assez, avec une petite gratouille derrière l’oreille… là, c’est l’équilibre. C’est l’amour pur. Pas besoin de mots doux ou de dîners aux chandelles.

Ce que j’ai compris, moi, Raymond c’est qu’on peut être heureux avec peu. Observez-moi après le dîner : allongé sur le flanc, un filet de bave en guise de gloss, le regard vitreux et comblé. C’est ça, le bonheur simple. Une croquette. Un plaid. Un pet discret mais convaincu. Ou comment atteindre le niveau ultime de minimalisme sans lire un seul bouquin de développement personnel.

Bon, j’vous laisse. J’ai cru entendre le doux froissement du papier alu du kiri.

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